« Le vrai problème est que la Grèce a dissimulé pendant longtemps, une bonne partie de sa dette réelle »

Ce n’est pas un hasard que la crise de la dette soit apparue en Grèce. Pour leur rentrée dans l’Euro, les Grecques ont saisi un Cabinet américain qui devrait les aider à nettoyer leurs comptes afin de pouvoir satisfaire l’ensemble des critères de convergences nominales. Ils les ont si bien aidés en maquillant les comptes de sorte que la Grèce a fait son entrée dans la zone Euro. Le tout n’étant pas de nettoyer les statistiques, la réalité a fini par les rattraper et très rapidement on s’est rendu compte que la Grèce était totalement déconnectée de la réalité.

Pendant les trois années de préparation pour l’entrée dans la zone, le taux d’endettement de la Grèce a brutalement chuté parce que les comptes ont été nettoyés. Etant entrée avec un satisfecit des comptes, cela a donné à la Grèce le triple A au niveau de l’endettement sur le marché international. La Grèce a commencé à s’endetter alors qu’une bonne partie de l’ancienne dette était dissimulée. Et comme il fallait respecter les échéances (ce n’est pas parce que vous faites croire qu’une dette n’existe pas que vous n’allez pas la rembourser), la Grèce s’est retrouvée avec un surendettement qui est devenu insupportable. On lui a donc retiré le triple A. Elle ne peut plus s’endetter à des prix très bas (l’Allemagne s’endette à des taux de l’ordre de 2% et même moins, on demande à l’Espagne un taux à 2 chiffres). Voyez donc l’écart. 

Vous êtes en défaut de paiement lorsque vous ne pouvez pas rembourser ne serait ce que les intérêts. Le banquier peut encore reconduire comme si c’était des prêts, mais vous êtes tenus de rembourser les intérêts si vous ne pouvez pas payer le capital. Or la Grèce ne peut plus rembourser l’intérêt. Il peut y avoir d’autres causes en matière d’incapacité de payer (on n’arrive pas par exemple à collecter correctement ses recettes fiscales), mais le vrai problème est que la Grèce a dissimulé pendant longtemps une bonne partie de sa dette réelle. Profitant par ailleurs, de l’effet levier qu’on lui a donné en matière d’endettement et la possibilité d’être dans la zone Euro avec le triple A, ils ont davantage aggravé leur situation.

Propos recueillis par Mayane YAPO, Chargée de la Communication de la CAPEC